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La France débat de la suppression de la gratuité des soins de santé pour les migrants sans papiers

by News Team
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Alors qu’un nouveau projet de loi sur l’immigration est soumis au Parlement français, les législateurs de droite font pression pour que les sans-papiers ne bénéficient plus de soins de santé. Mais les opposants affirment que cette décision mettrait en danger la santé publique sans réduire l’immigration clandestine, et les médecins se sont engagés à continuer de traiter les migrants malgré tout.

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Le Sénat, la chambre haute du Parlement français, a voté la semaine dernière la suppression de ce que l’on appelle en France « l’aide médicale d’État » (aide médicale d’état) pour les immigrés sans papiers dans le cadre d’un ensemble de réformes des lois françaises sur l’immigration qui sont encore en cours d’élaboration.

Dans l’état actuel des choses, les étrangers sans papiers d’immigration peuvent se faire soigner gratuitement dans les hôpitaux, cliniques et autres prestataires de santé publics en France, à condition d’être dans le pays depuis au moins trois mois et de gagner bien en dessous du salaire minimum. Le coût provient du budget du gouvernement.

Au lieu de cela, les sénateurs dirigés par le parti de droite Les Républicains souhaitent que l’accès soit limité aux seuls traitements d’urgence, y compris les maladies graves, les vaccinations obligatoires et les soins liés à la grossesse.

L’amendement, qui nécessite l’approbation de la chambre basse du Parlement pour devenir loi, n’a pas le soutien du gouvernement centriste du président Emmanuel Macron – même si sans majorité, le gouvernement n’a pas la garantie des voix pour le bloquer.

“L’aide médicale de l’Etat soigne les individus et protège la population dans son ensemble”, a déclaré dimanche le ministre de la Santé Aurélien Rousseau sur FranceInfo.

“Si nous laissons tout aux hôpitaux, nous commettrons une énorme erreur.”

Les médecins menacent de se révolter

Cette proposition a suscité un tollé parmi les médecins, des milliers de personnes s’engageant à continuer de soigner les migrants sans papiers même si la loi était modifiée.

Dans une “déclaration de désobéissance” publiée ce week-end par l’AFP, quelque 3 500 médecins des secteurs public et privé ont déclaré qu’ils ne changeraient pas de politique.

“Nous, médecins, respecterons avant tout le serment d’Hippocrate, qui dit que nous traitons tous les patients, quels que soient leurs revenus, leur race ou leur statut social”, a déclaré à RFI l’un des signataires, Frédéric Adnet, chef des services médicaux d’urgence de Paris.

Au-delà de l’éthique médicale, il a fait valoir que la suppression des soins de santé de routine gratuits finirait par s’avérer contre-productive.

“Se débarrasser de l’aide médicale n’a aucun sens, ni en termes d’éthique ni de santé publique, car nous savons que ces patients sont souvent porteurs de maladies infectieuses comme la tuberculose”, a déclaré Adnet.

“Et à moins de traiter ces maladies rapidement, il y a un risque, d’une part, qu’elles se propagent, et d’autre part, que vous deviez les traiter plus tard, lorsqu’elles seront devenues beaucoup plus avancées, ce qui coûtera finalement plus cher que de prendre des mesures préventives et prodiguer des soins dès le début.

Les fédérations d’hôpitaux publics et privés ainsi que la fédération des assureurs maladie français ont toutes publiquement condamné cette proposition.

Deux médecins ont même déposé plainte auprès de l’organisme de réglementation de l’Ordre des médecins contre des sénateurs républicains qui sont également des praticiens agréés et ont voté en sa faveur, les accusant de violer leur code de déontologie professionnelle.

Barrières bureaucratiques

La France a déjà durci les critères d’accès aux soins médicaux sans papiers d’immigration.

En 2019, alors que l’on prétendait que cette politique était trop coûteuse et risquait d’être exploitée, le gouvernement de Macron a introduit l’obligation pour les migrants sans papiers de prouver qu’ils vivaient en France depuis au moins trois mois, ainsi que de rendre obligatoire la déclaration préalable. réclamations de temps en personne.

Ces réformes ont déjà dangereusement restreint l’accès aux soins, selon l’association médicale Médecins du Monde, qui, avec d’autres ONG, a étudié le vécu des sans-papiers en région parisienne au début de cette année.

Leur rapport énumère une série d’obstacles, allant du manque d’informations aux longues attentes pour les rendez-vous, en passant par les formalités administratives compliquées et le personnel administratif inutile. Deux personnes sur trois sur plus de 250 personnes sans papiers interrogées ont déclaré avoir eu du mal à accéder aux soins de santé.

“Si vous ne lisez ni n’écrivez le français, n’avez pas de connexion internet ni de forfait téléphonique permettant d’appeler (la hotline nationale de l’assurance maladie), se faire soigner devient une mission impossible”, a déclaré Florence Rigal, présidente de Médecins. du Monde.

En fait, près de la moitié – 49 pour cent – ​​des personnes éligibles à l’aide médicale d’État n’y font jamais appel, selon l’institut de recherche français Irdes, qui étudie l’économie de la santé.

Il estime que ces aides ne représentent qu’une fraction des dépenses françaises de santé : environ 1 milliard d’euros en 2022, soit 0,5 % des dépenses totales.

L’exemple de l’Espagne

Le Sénat vote le 14 novembre le projet de loi sur l’immigration, y compris l’amendement visant à supprimer l’aide médicale. On s’attend à ce que cela passe facilement.

La chambre basse du Parlement, l’Assemblée nationale, commencera à débattre du projet de loi sur l’immigration le 11 décembre.

Ceux qui souhaitent que les législateurs français votent contre l’amendement qui supprimerait l’aide médicale soulignent un précédent en Espagne.

Le gouvernement espagnol a exclu la plupart des migrants sans papiers des soins de santé publics de base en 2012. Bien que plusieurs services de santé régionaux aient refusé de cesser de fournir des soins, la réforme a été suivie par une augmentation des maladies infectieuses et une augmentation estimée de la mortalité parmi les migrants sans papiers – sans générer les économies que le gouvernement l’a promis.

Finalement, l’Espagne a rétabli les soins médicaux pour les migrants sans papiers en 2018.

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