Le Service fédéral de sécurité russe a accusé vendredi six diplomates britanniques d’espionnage et a déclaré qu’une décision avait été prise de retirer leur accréditation.
La télévision d’État russe a cité un responsable du service de sécurité connu sous le nom de FSB, qui a déclaré qu’ils seraient expulsés. Ces expulsions interviennent alors que le Premier ministre Keir Starmer se rend à Washington pour des entretiens avec le président américain Joe Biden, qui porteront notamment sur la demande de l’Ukraine d’utiliser des armes fournies par l’Occident contre des cibles en Russie.
Starmer a déclaré à son arrivée aux États-Unis que la Grande-Bretagne ne « cherche aucun conflit avec la Russie ».
« La Russie a déclenché ce conflit. La Russie a envahi illégalement l’Ukraine. La Russie pourrait mettre fin à ce conflit immédiatement », a-t-il déclaré aux journalistes.
« L’Ukraine a le droit de se défendre et nous soutenons pleinement ce droit. Nous lui fournissons des capacités de formation, comme vous le savez. Mais nous ne cherchons pas à entrer en conflit avec la Russie. Ce n’est pas du tout notre intention. »
Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part averti qu’autoriser des frappes à longue portée « signifierait que les pays de l’OTAN, les États-Unis et les pays européens sont en guerre avec la Russie… si tel est le cas, alors, en gardant à l’esprit le changement de l’essence même de ce conflit, nous prendrons les décisions appropriées en fonction des menaces qui seront créées pour nous ».
Les systèmes de missiles tactiques longue portée de l’armée américaine (ATACMS) ont une portée allant jusqu’à 305 kilomètres, tandis que les Storm Shadows britanniques ont une portée d’environ 250 km.
L’Ukraine tire déjà sur des cibles russes situées sur un territoire internationalement reconnu comme tel, mais elle veut également les utiliser pour frapper des bases à l’intérieur même de la Russie.
REGARDEZ l Les États-Unis ne sont pas sûrs que l’élargissement des paramètres des missiles changerait la donne :
L’Ukraine demande à nouveau la levée des restrictions sur l’utilisation de missiles occidentaux à longue portée pour frapper plus loin en Russie, mais certains autres pays ne sont pas certains que cela soit nécessaire car l’Ukraine utilise déjà des drones pour frapper des cibles bien au-delà de la frontière.
Des allégations « totalement infondées » selon la Grande-Bretagne
Le FSB a déclaré avoir reçu des documents indiquant que les diplomates avaient été envoyés en Russie par une division du ministère britannique des Affaires étrangères « dont la tâche principale est d’infliger une défaite stratégique à notre pays » et qu’ils étaient impliqués dans « des activités de collecte de renseignements et des activités subversives ».
Sur la base de ces documents et « en réponse aux nombreuses démarches hostiles de Londres », le ministère russe des Affaires étrangères a retiré l’accréditation des diplomates, a indiqué le FSB, sans les identifier. Il a averti que si d’autres diplomates se livraient à des « actions similaires », le FSB « exigerait la cessation anticipée de leurs missions » en Russie.
La télévision d’État russe a déclaré dans un rapport que les six diplomates avaient rencontré des médias indépendants et des groupes de défense des droits de l’homme qui ont été déclarés « agents étrangers » – une étiquette que les autorités russes ont activement utilisée contre les organisations et les individus critiques envers le Kremlin.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré dans un communiqué en ligne : « Nous sommes entièrement d’accord avec les évaluations des activités des soi-disant diplomates britanniques exprimées par le FSB russe. L’ambassade britannique a largement dépassé les limites définies par les Conventions de Vienne. »
Elle a déclaré que les diplomates menaient des « actions subversives visant à nuire à notre peuple ».
La Grande-Bretagne a qualifié les allégations contre les diplomates de « complètement sans fondement ».
Selon le journal, ces expulsions ont eu lieu il y a plusieurs semaines, en lien avec la décision prise par la Grande-Bretagne en mai de révoquer les lettres de créance d’un attaché diplomatique de l’ambassade de Moscou à Londres et d’imposer une limite de cinq ans à tous les diplomates russes en poste en Grande-Bretagne. Environ une semaine plus tard, la Russie a réciproquement expulsé l’attaché de défense britannique.
Les expulsions sont plus fréquentes
Les expulsions de diplomates — tant occidentaux travaillant en Russie que russes travaillant dans des pays occidentaux — sont devenues de plus en plus courantes depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.
L’an dernier, le média russe RBC a estimé que les pays occidentaux et le Japon avaient expulsé un total de 670 diplomates russes entre le début de 2022 et octobre 2023, tandis que Moscou en avait expulsé 346 en réponse. Selon RBC, c’est plus que durant les 20 années précédentes réunies.
La Grande-Bretagne a également expulsé des diplomates russes après des attaques très médiatisées sur le sol britannique, comme lorsque l’ancien agent du FSB Alexandre Litvinenko a été mortellement empoisonné en 2006, et dans le cadre d’une action coordonnée avec des alliés occidentaux tels que les États-Unis et le Canada après que l’ancien espion russe Sergueï Skripal et sa fille ont été hospitalisés pendant des semaines après un empoisonnement par un agent neurotoxique en 2018 à Salisbury, en Angleterre.
La Russie a nié toute implication dans les attaques de Litvinenko et Skripal.
