Des experts français en toxicomanie ont écrit une lettre ouverte au ministre de la Santé pour l'implorer d'encourager la population à observer le Dry January, suite à une série de mesures avortées pour lutter contre l'alcoolisme.
Les 48 experts en toxicomanie affirment que Dry January, le défi d'un mois pour éviter l'alcool en janvier, a prouvé ses bienfaits « au Royaume-Uni en particulier ».
Connu comme Le Défi de Janvier en France, Dry January a été créé au Royaume-Uni par Alcohol Concern (maintenant Alcohol Change UK) en 2012.
Le mois de l'abstinence gagne régulièrement en popularité au Royaume-Uni : là où 4 000 personnes l'ont observé en 2012, 130 000 l'ont fait en 2022.
Le succès du mouvement a été en grande partie dû au soutien de Public Health England, qui a déclaré son soutien au mouvement en 2015.
Cependant, en France, le mouvement n’a reçu aucun soutien public de la part des autorités sanitaires.
En effet, à la grande consternation des experts en toxicomanie, le gouvernement français a parfois découragé le mouvement.
Le Monde a rapporté qu'en 2019, l'industrie vitivinicole a fait pression contre Dry January, en envoyant des lettres aux députés, sénateurs et ministres vantant le « French art de vivre».
“Je suis très opposé à un mois de janvier sans vin”, a déclaré Didier Guillaume, alors ministre de l'Agriculture. RTL en 2019. « Je trouve l’idée scandaleuse. Je préfère de loin l’idée d’une modération tout au long de l’année plutôt qu’une interdiction pendant un mois.
Cette année-là, 8 491 personnes en France se sont inscrites pour observer le mois sur l’application Dry January, contre 82 000 au Royaume-Uni.
Malgré la pression des experts en toxicomanie, le gouvernement et le ministère de la Santé ont bloqué les mesures anti-alcool.
En effet, le ministère a récemment retiré son soutien à deux récentes campagnes anti-alcool sous la pression du lobby du vin, selon des enquêtes menées par Radio-France et Le Canard Enchaîné.
Le gouvernement a également renoncé à une nouvelle taxe sur l’alcool qui était censée être envisagée dans le budget 2024.
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Le président Macron serait un grand buveur de vin, ayant remporté plusieurs tests à l'aveugle au Salon international de l'agriculture de Paris en 2018.
“Je bois du vin le midi et le soir”, dit-il dit au spectacleajoutant que sous sa présidence, il n'y aura pas de durcissement de la loi Evin, qui réglemente l'alcool en France.
“Une rupture de confiance”
Dans la lettre au ministre de la Santé Aurélien Rousseau publiée le 11 décembre, les 48 experts en addictions affirment que leur confiance dans les autorités de santé publique est en train de s'ébranler.
« Même si nous ne cherchons pas à attribuer des responsabilités, il semble que la confiance des citoyens dans la capacité du gouvernement à adopter une position cohérente (contre l'alcoolisme) soit sérieusement compromise », commence la lettre.
« Pour restaurer cette confiance, il faut des engagements clairs, tant en termes de contenu que de valeur symbolique.
«Soutien au mouvement social connu en France sous le nom de 'Le Défi de Janvier” nous semble être une opportunité parfaite pour cela. “
« Un mouvement volontaire et positif »
« Il s’agit d’un mouvement positif qui permet aux individus, dans le cadre d’un moment collectif, de s’interroger sur le rôle que joue l’alcool dans leur vie.
« C’est un mouvement social entièrement volontaire et ni normatif ni moralisateur.
« Il serait regrettable que le ministère de la Santé et de la Prévention reste à l’écart. »
Janvier sec La France affirme que parmi les nombreux avantages d'éviter l'alcool, 71 % des participants dorment mieux, 88 % économisent de l'argent et 80 % apprennent à mieux contrôler leur consommation d'alcool à long terme.
Seuls 33 % des Français déclarent actuellement qu’ils envisageraient d’observer Dry January.
Le ministère de la Santé n'a pas encore répondu à cette lettre.
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