Lorsque le président français Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir en 2017, son parti centriste était composé d’un savant mélange de personnalités de gauche et de droite. Le remaniement ministériel de cette semaine a vu cet équilibre bouleversé alors que le nouveau Premier ministre Gabriel Attal commence à diriger un gouvernement fermement incliné à droite.
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Macron espère qu'Attal, 34 ans, le plus jeune et premier Premier ministre ouvertement gay de France, donnera un nouvel élan à sa présidence.
La nomination d'Attal et le remaniement sont considérés comme cruciaux pour Macron, qui ne pourra pas se présenter à nouveau aux élections présidentielles de 2027 – qui représenteront la meilleure chance pour l'extrême droite Marine Le Pen d'accéder à l'Elysée.
Les changements majeurs incluent la nomination de l'eurodéputé Stéphane Séjourne, ancien partenaire civil d'Attal, au poste de ministre des Affaires étrangères, ainsi que le pillage de Rachida Dati – une figure clé de l'ancien leader Nicolas Sarkozy – du parti d'opposition Les Républicains.
Dati, qui a été ministre de la Justice de 2007 à 2009, succède à Abdul Malak – un homme de gauche qui s’est publiquement opposé à Macron sur plusieurs questions, notamment les récentes réformes de l’immigration et les accusations d’agression sexuelle contre l’acteur Gérard Depardieu.
Les autres ministres clés – le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, le ministre des Finances Bruno Le Maire et le ministre de la Défense Sébastien Lecornu – conservent leur poste.
“Sarkozy IV”
Les politiciens de gauche n'ont pas tardé à plaisanter sur la tendance conservatrice qualifiant le cabinet de nouveau “Sarkozy IV” en raison du recrutement de Dati ainsi que de Catherine Vautrin, également de droite, qui prend en charge les secteurs nouvellement fusionnés du travail et de la santé et de la solidarité. ministères.
Celles-ci étaient auparavant dirigées respectivement par Olivier Dussopt, Agnès Firmin Le Bodo et Aurore Bergé.
Ex-membre du parti Les Républicains (LR), Vautrin a été exclue de Matignon en 2022 pour avoir participé à des manifestations contre une loi autorisant le mariage homosexuel – une position qu'elle dit depuis regretter d'avoir prise.
Vautrin sera secondé par Agnès Pannier-Runacher, la ministre sortante de la Transition énergétique – qui exercera les fonctions de vice-ministre chargée de la santé.
Les entrées de Vautrin et Dati confirment “l'ancrage à droite de la Macronie, déjà très clair pour les Français, notamment avec les deux réformes symboliques sur les retraites et sur l'immigration”, a déclaré Mathieu Gallard, de l'institut d'enquête Ipsos. agenceAFP.
Pugnace, populaire
“C'est un énorme coup politique, personne ne l'avait vu venir”, a déclaré Roselyne Bachelot, ancienne ministre de Sarkozy, à propos de la nomination de Dati, 58 ans, au ministère de la Culture.
Elle a décrit Dati comme « extrêmement pugnace », ajoutant qu’elle était également extrêmement populaire auprès des gens ordinaires.
En débauchant un grand nom des rangs conservateurs, Macron s’éloigne d’une tendance antérieure consistant à placer des technocrates dans des rôles ministériels.
Les observateurs estiment que cela montre également que le président se prépare à une bataille politique avant les élections au Parlement européen de juin.
Maire de la septième circonscription de Paris depuis 2008, Dati a été inculpée en 2021 de corruption dans le cadre de prestations de conseil auprès d'une filiale de Renault-Nissan, accusations qu'elle a niées.
Attal a insisté sur le fait que cela ne posait aucun problème, soulignant la “présomption d'innocence” et a salué Dati comme une “femme engagée” qui “s'est battue toute sa vie pour obtenir ce qu'elle voulait”.
Les analystes suggèrent qu'elle utilisera le portefeuille de la culture comme un tremplin dans la course à la mairie de Paris.
Eric Ciotti, chef du parti de droite Les Républicains, a déclaré jeudi que Dati serait exclue du parti, l'accusant de “se mettre en dehors de notre famille politique”.
Le leader socialiste Olivier Faure a comparé les nouveaux choix aux « dinosaures Sarkozy » et a déploré le manque de « régénération » politique du nouveau gouvernement.
Armoire resserrée
Le gouvernement, allégé, compte désormais 11 ministères et 14 ministres, ainsi que deux « super ministères » dotés de portefeuilles combinés.
Il y a sept ministres hommes et quatre femmes ministres, sans compter Attal lui-même, ainsi que trois ministres subalternes qui sont toutes des femmes. Les jeunes ministres devraient être annoncés la semaine prochaine.
Matilde Panot, chef de file des députés d'extrême gauche La France Insoumise (LFI), a dénoncé la “concentration des portefeuilles” et la “relégation des femmes” à des rôles secondaires.
Elle a également qualifié le remaniement de « recyclage sans fin du cercle restreint du monarque ».
L'autre “super ministère” sera dirigé par l'actuelle ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, qui sera en charge des sports et de l'éducation, l'ancien portefeuille d'Attal. Tout cela en plus de superviser les Jeux Olympiques cet été à Paris.
Les syndicats d'enseignants s'inquiètent d'avoir « un ministre à temps partiel » avec peu de marge de manœuvre pour apporter des changements.
“Elle (Oudea Castera) gérera le sport et lui (Attal) gérera l'éducation”, a déclaré à l'AFP Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU.
Attal a salué « l'énergie » de ses ministres qui, selon lui, sont « engagés à 200 % » pour répondre aux attentes des Français.
“Ce que je veux, c'est de l'action, de l'action, de l'action” et “des résultats, des résultats, des résultats”, a-t-il déclaré à la télévision TF1.