Selon la police, 110 000 personnes sont descendues dans les rues samedi, mais les organisateurs affirment que le nombre était bien plus élevé.
Environ 110 000 personnes (selon les chiffres de la police) sont descendues dans les rues de France samedi 7 septembre pour protester contre la nomination d’un Premier ministre de droite.
Les manifestations, en grande partie pacifiques, ont été organisées à la demande du parti d’extrême gauche La France Insoumise.
Le manifestations majeures a suivi la nomination de l’extrême droite Michel Barnier, premier ministre deux mois après que le Nouveau Front Populaire (NFP), parti de gauche, ait remporté le plus grand nombre de sièges aux élections législatives du 7 juillet.
Jean-Luc Mélenchon, qui dirige le plus grand parti au sein du NFP, la France Insoumise d’extrême gauche, a réagi à cette nomination en déclarant le 5 septembre que « l’élection a été volée au peuple français ».
🔴 Grande mobilisation populaire contre le coup de force de Macron !
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— La France insoumise (@FranceInsoumise) 7 septembre 2024
M. Mélenchon avait appelé à une « manifestation massive », mais alors que son parti affirme que les manifestations ont vu « 300 000 personnes dans tout le pays » et « 160 000 personnes manifester à Paris », des sources officielles donnent des chiffres bien inférieurs : 110 000 dans tout le pays (ministère de l’Intérieur) et 26 000 à Paris (Police parisienne).
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En France, on signale souvent une différence dans les statistiques des manifestations, car différentes méthodes de comptage sont utilisées par la police pour déterminer les organisateurs des manifestations.
Tendre la main à gauche et à droite
M. Barnier, qui aurait été nommé à l’approbation tacite de l’extrême droitea tenté de faire appel aux deux parties.
Lors d’une apparition sur TF1 Journal de 20 heures vendredi, il a ostensiblement suggéré des programmes politiques tirés des manifestes du Rassemblement national et du Nouveau Front populaire.
Dans une tentative apparente de plaire à l’extrême droite, il a proposé de renforcer les contrôles aux frontières.
« On a toujours le sentiment que les frontières sont des passoires et que les flux migratoires ne sont pas sous contrôle », a-t-il déclaré. « Nous allons maîtriser les flux migratoires, non pas avec de l’idéologie, des discours et des phrases, mais avec des mesures concrètes. »
Il a toutefois promis de rouvrir le débat controversé sur l’âge de la retraite, un engagement clé de l’alliance de gauche après qu’une décision de l’augmenter a été adoptée par un décret controversé en 2023.
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« Je m’exprimerai dans les prochaines semaines à l’Assemblée nationale et au Sénat sur ce sujet très grave. Nous n’allons pas tout remettre en cause.
« Cette loi a été votée dans des conditions très difficiles. Elle nécessite un débat », a déclaré M. Barnier, 73 ans, ajoutant : « J’ouvrirai le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles, et je le ferai avec les partenaires sociaux ».
« Nous n’avons pas suffisamment travaillé ensemble », a-t-il déclaré. « J’ai appris au cours de ma vie publique que chaque citoyen est nécessaire. Les bonnes idées sont partout. Nous devons ouvrir la table à tous ceux qui veulent nous rejoindre. »
« Nous n’allons pas tout remettre en cause », a-t-il dit, ajoutant qu’il était soucieux de respecter « le cadre budgétaire ».
Les manifestations vont-elles continuer ?
Une large majorité (76%) des Français considèrent que M. Macron n’a pas tenu compte du résultat des élections législatives, 55% étant d’accord avec M. Mélenchon pour dire que l’élection a été “volée”, selon un sondage Elabe* du 6 septembre.
Le sondage montre toutefois que 40% des électeurs estiment que la nomination de M. Barnier est « une bonne chose ». En comparaison, la nomination de Gabriel Attal a recueilli 41% d’approbations et celle d’Elisabeth Borne 36%.
Le sondage – et le nombre de manifestants – semblent suggérer que le niveau d’indignation n’est pas aussi élevé que M. Mélenchon l’aurait espéré.
Aucun appel à manifester n’a encore été lancé. Cependant, La France insoumise réclame la destitution du président Macron. Une pétition en ce sens a déjà recueilli plus de 277 800 signatures. De nombreux commentateurs estiment qu’il est peu probable que les insoumis abandonnent après une seule manifestation.
*Sondage en ligne auprès de 1 007 électeurs pour BFMTV le 6 septembre