Dans un arrêt rendu jeudi, le Conseil constitutionnel français a censuré une grande partie de la loi controversée sur l'immigration du gouvernement qui visait à limiter l'accès aux prestations sociales pour les étrangers et à établir des quotas de migration.
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La loi a été adoptée à la hâte par l’Assemblée nationale en décembre après avoir obtenu le soutien du Parti républicain de droite, l’opposition. Il bénéficiait également du soutien de l’extrême droite.
Mais après plus d'un mois de délibérations, les neuf juges du Conseil constitutionnel – la plus haute cour constitutionnelle du pays – ont abrogé 32 mesures qu'ils jugeaient inconstitutionnelles.
Parmi elles figurent le durcissement de l'accès aux prestations sociales pour les étrangers, la limitation du droit à la citoyenneté pour les enfants nés en France de parents étrangers ou encore les restrictions sur les visas de regroupement familial.
Le tribunal a également rejeté l'introduction de quotas d'immigration fixés par le Parlement.
La plupart des éléments radiés étaient des amendements ajoutés par les partis de droite au projet de loi initial, plus souple, du gouvernement.
Les règles renforcées ont été dénoncées par les groupes de défense des droits comme « la loi sur l'immigration la plus régressive depuis des décennies », tandis qu'un tiers des 101 départements français ont déclaré qu'ils refuseraient d'appliquer les dispositions sur les avantages pour les non-ressortissants.
Acceptant que certaines dispositions de la loi puissent être inconstitutionnelles, le président Emmanuel Macron l'avait transmise au Conseil constitutionnel pour examen et approbation.
Des réactions mitigées
Malgré le rejet par le tribunal d'une grande partie de la loi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a qualifié cette décision de « validation » de la politique d'immigration du gouvernement.
“Jamais une loi n'a prévu autant de moyens d'expulsion des délinquants et autant d'exigences pour l'intégration des étrangers”, a-t-il déclaré.
“Le gouvernement prend acte (…) de la censure de nombreux articles ajoutés par le Parlement pour non-conformité.”
De son côté, le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, a accusé les juges d'avoir fomenté un « coup d'État » avec le soutien du président.
Le RN s'est opposé à la première version du projet de loi du gouvernement, qui a été remplacée par des mesures plus sévères approuvées par les législateurs.
Le chef du Parti républicain, Eric Ciotti, a appelé à une réforme constitutionnelle, estimant qu'elle était « essentielle, maintenant plus que jamais ».