Trois villes en France offrent désormais les transports publics gratuits toute la semaine, et une quatrième – Clermont-Ferrand – pourrait les rejoindre, alors que de plus en plus de collectivités souhaitent promouvoir des politiques respectueuses de l’environnement.
Les trois villes avec les transports publics gratuits toute la semaine jusqu’à présent sont :
Montpellier
La ville de l’Hérault (Occitanie) a instauré la gratuité quotidienne des transports en bus et en tram pour ses 500 000 habitants à partir du 21 décembre 2023 à 19h00. Elle devient ainsi la plus grande ville d’Europe à proposer la gratuité des transports.
Le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, s’est rendu à Dunkerque (voir ci-dessous) et à Tallinn en Estonie (également ci-dessous), pour étudier d’autres systèmes performants et déterminer comment les introduire dans sa ville.
Le transport est gratuit uniquement pour les résidents de Montpellier Méditerranée Métropole, et les résidents éligibles doivent demander un Pass pour l’utiliser.
Montpellier a mis en place progressivement la gratuité des transports.
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Septembre 2020 : Transports publics gratuits pour les déplacements du week-end uniquement.
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Septembre 2021 : Ajout de transports publics gratuits pour tous les seniors éligibles
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Septembre 2022 : Ajout de transports publics gratuits pour tous les moins de 18 ans
Le projet coûte à Montpellier Méditerranée Métropole 42 millions d’euros de recettes commerciales par an, selon la délégation départementale. M. Delafosse estime le manque à gagner à 30 millions d’euros, sur un budget de fonctionnement de 900 millions d’euros.
Lire aussi : Montpellier rend tous les transports publics gratuits
Dunkerque
La Communauté Urbaine de Dunkerque (CUD) a mis en place en septembre 2018 la gratuité des transports en bus pour tous. Cette mesure s’applique aux résidents comme aux visiteurs. Toute personne, quel que soit son âge, ses revenus ou son lieu de résidence, peut utiliser gratuitement les bus de la ville de Dunkerque, sans avoir à payer, acheter un pass ou utiliser une application.
Ce projet était une promesse de campagne faite par le maire de l’époque, Patrice Vergriete, lorsqu’il s’est présenté (avec succès) aux élections municipales de 2014.
M. Vergiete, qui est également urbaniste et aujourd’hui secrétaire d’Etat aux Transports du Premier ministre sortant Gabriel Attal, a déclaré vouloir, en tant que maire de Dunkerque, mettre en place “une mesure radicale et massive”, avec 200.000 habitants concernés, dont 90.000 proches du centre.
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’investissements massifs (65 millions d’euros sur deux ans) dans le centre-ville et d’une nouvelle flotte de bus.
Le succès a été immédiat et durable. Le nombre de passagers des bus a augmenté de 50 % la première semaine après la mise en place du dispositif, et il est aujourd’hui en hausse de 130 %, cinq ans plus tard. En 2022, les 16 lignes de bus de la ville ont parcouru un total de 644 kilomètres et transporté 20,5 millions de passagers.
Niort
La ville des Deux-Sèvres (Nouvelle-Aquitaine) a été la première en France à mettre en place la gratuité des bus sur ses lignes urbaines et périurbaines, afin de réduire l’usage de la voiture et de valoriser l’image locale des transports en commun. Ce dispositif a été mis en place le 1er septembre 2017.
Le réseau Tanlib de Niort compte désormais 10 lignes urbaines, deux lignes de navettes en centre-ville, sept lignes périurbaines, six lignes régionales et 187 lignes scolaires.
Cette mesure était une promesse de campagne du maire et président de la Communauté d’Agglomération du Niortais (CAN), Jérôme Baloge, en 2014.
Le succès semble au rendez-vous. La fréquentation des communes de l’agglomération niortaise, qui compte 120 000 habitants, a augmenté de manière significative. Les chiffres de la mairie font état d’une hausse de 30 % du nombre d’usagers et d’un record de fréquentation l’an dernier, avec plus de six millions de voyages.
Elle indique également que de nombreux automobilistes ont opté pour le bus : 85 % des nouveaux usagers du bus se déplaçaient auparavant en voiture dans la ville avant 2017. La gratuité des déplacements a incité la moitié de la population à réfléchir à ses habitudes de déplacement et 30 % à les modifier, précise la mairie.
Niort est désormais confronté au défi de poursuivre ce projet, d’autant plus que la population de la ville augmente et que le nombre d’étudiants devrait atteindre 5 000 d’ici 2030.
Clermont-Ferrand sera-t-il le prochain ?
Depuis le 4 décembre 2021, tous les habitants de l’agglomération clermontoise peuvent utiliser gratuitement les transports en commun le week-end.
Mais désormais, le maire Olivier Bianchi a déclaré qu’il n’était « pas opposé par principe » à l’idée de rendre le réseau de transports de la ville gratuit également en semaine.
« Il faut trouver 15 millions d’euros par an », a-t-il déclaré à France Bleu Pays d’Auvergne le 2 septembre, ajoutant que le projet serait « au cœur de la prochaine campagne municipale » en 2026.
Clermont-Ferrand n’est pas la seule ville à proposer la gratuité des transports en commun pour les trajets du week-end ; Nantes (Loire-Atlantique, Pays de la Loire) le fait également, depuis la mise en place de son propre dispositif le 24 avril 2021.
Le week-end, tous les passagers peuvent voyager gratuitement, quel que soit leur lieu de résidence ou leur âge.
Avant de présenter la mesure, la maire de Nantes, Johanna Rolland dit« Il s’agit à la fois d’une mesure visant à améliorer le pouvoir d’achat des habitants et des usagers des transports en commun, et d’une réponse concrète aux enjeux de la transition écologique. »
Autres villes européennes avec transports publics gratuits
La France n’est pas le seul pays dont les villes se tournent vers l’idée.
En janvier 2013, la capitale de l’Estonie est devenue la première grande ville au monde à rendre tous les transports gratuits, au bénéfice de ses 450 000 habitants. Tout habitant muni d’une carte de transport valide peut désormais utiliser gratuitement les 789 kilomètres de lignes de bus, trolleybus et tramway qui sillonnent la ville et ses environs.
Ce projet a été principalement motivé par la crise économique des pays baltes de 2008-2009 et constituait un moyen pour le gouvernement de stimuler le pouvoir d’achat en baisse des habitants.
Après trois ans d’études de faisabilité, la proposition a été soumise à référendum et 75 % des participants ont voté en faveur. La ville a été considérée comme pionnière et a été étudiée par d’autres dirigeants municipaux comme un exemple de mise en œuvre réussie d’un système de transport gratuit.
Luxembourg
Le petit pays est devenu le premier en Europe à rendre tous les transports publics entièrement gratuits dans tout le pays (pour les résidents et les touristes) en mars 2020. Cela s’applique aux bus, aux tramways, aux trains et à tous les funiculaires.
Les seules exceptions sont le service à la demande « appeler un bus » pour les utilisateurs de plus de 70 ans et les voitures de première classe dans les trains.
Le pays a mis en place ce dispositif pour des raisons environnementales, afin de dissuader les gens de se déplacer en voiture particulière. En 2020, le pays affichait la plus forte densité de voitures de l’Union européenne, avec 696 voitures pour 1 000 habitants, contre une moyenne de 560 dans le reste de l’Europe.
Le pays a testé ce dispositif pendant quelques mois pour les moins de 20 ans et les étudiants. Après avoir été lancé au début de la pandémie de Covid-19, il a d’abord connu des ratés, les gens ne voulant pas prendre les transports en commun et commençant à travailler à domicile. Il est désormais en train de se redresser.
