Des agriculteurs protestataires ont bloqué les routes autour de Bruxelles jeudi alors qu'ils conduisaient un convoi d'environ 1 000 tracteurs vers le siège de l'Union européenne, où les dirigeants se réunissaient pour des négociations. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une campagne soutenue en faveur de meilleurs prix pour les produits agricoles et d’une réduction des formalités administratives.
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Des tracteurs ont été aperçus autour du Parlement européen, tandis que la police bouclait les bâtiments de la commission et du conseil.
“Il y a 1.000 tracteurs ou machines agricoles” tenus à l'écart du rassemblement des 27 dirigeants de l'Union européenne, a déclaré un porte-parole de la police à l'AFP. Il a ajouté que les agriculteurs étaient principalement originaires de Belgique.
Plusieurs centaines d'agriculteurs ont porté leurs doléances à l'égard du mouvement de protestation agricole jusqu'aux portes de l'UE – le flot d'importations ukrainiennes bon marché déclenché par le conflit figurant en tête de leur liste de plaintes.
Les organisateurs ont expliqué vouloir dénoncer « la folie qui menace l'agriculture ».
Concurrence faussée
Des agriculteurs français et belges ont bloqué ensemble un point de passage frontalier mercredi soir pour condamner les accords commerciaux qui, selon eux, “faussent la concurrence”.
Le Premier ministre belge Alexander De Croo, dont le pays assure la présidence de l'UE, reconnaît que quelque chose doit céder.
“Nous devons également nous assurer qu'ils peuvent obtenir le juste prix pour les produits de haute qualité qu'ils fournissent. Nous devons également veiller à ce que la charge administrative qui leur incombe reste raisonnable”, a déclaré De Croo.
Face à la colère exprimée à travers tout le continent, la Commission européenne, l'organe exécutif de l'UE, a annoncé mercredi son intention d'accorder une exemption “partielle” des obligations de jachère imposées par la PAC (Politique agricole commune) pour promouvoir la biodiversité.
Les règles décrétant que quatre pour cent des terres doivent rester inutilisées – un reproche constant pour les agriculteurs européens – ont été suspendues en 2023 après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, pour aider à compenser la perte d’approvisionnement en céréales.
Des groupes agricoles et des États de l'UE, dont la France, avaient fait pression pour que les exemptions soient prolongées lorsqu'elles ont expiré en décembre.
“Il s'agit d'une exemption partielle limitée à cette année”, a déclaré le vice-président de la Commission européenne, Maros Sefcovic, en annonçant la nouvelle proposition, qui sera soumise au vote des Etats membres dans les prochains jours.
Le bloc envisage également un mécanisme limitant les importations en provenance d’Ukraine, comme la volaille, les œufs et le sucre.
La proposition de la Commission sur les importations ukrainiennes doit être examinée par le Parlement européen et par les États membres, pour être adoptée d'ici juin, lorsque l'exemption tarifaire actuelle expirera.
Blocages maintenus
Mais ces premiers gestes du bloc n’ont pas réussi à calmer les manifestations et les barrages routiers qui ont frappé les grandes puissances agricoles, notamment la France.
Le président français Emmanuel Macron devait rencontrer la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au sujet de “l'avenir de l'agriculture européenne”, a indiqué son cabinet.
La France est confrontée à plus d'une semaine de protestations d'agriculteurs qui ont bloqué les principaux axes routiers autour de la capitale et d'autres grandes villes.
Alors que les rassemblements ont été largement pacifiques, la police a arrêté mercredi 91 manifestants qui se sont introduits de force dans le plus grand marché alimentaire d'Europe à Rungis, selon le préfet de police de Paris.
Plus de 150 rassemblements comprenant des blocages ou des manifestations ont été enregistrés mercredi dans toute la France.
(avec AFP)