Les travailleurs de l'une des principales chaînes de supermarchés françaises se mettront en grève à partir de demain (5 décembre) par crainte de pertes d'emploi dans les mois à venir.
Les cinq principaux syndicats représentant les travailleurs des magasins Casino soutiennent l'action, avec une motion de grève déposée la semaine dernière couvrant toutes les dates comprises entre le 5 et le 31 décembre.
Le préavis de grève indique que les travailleurs sont « inquiets » de l'avenir du supermarché en difficulté et qu'ils craignent que d'importantes pertes d'emplois résultent d'une restructuration de la propriété de l'entreprise.
Le groupe propriétaire de Casino – ainsi que d’autres supermarchés en France dont Franprix et Monoprix – verra de nouveaux actionnaires prendre largement le contrôle d’ici fin mars 2024, après le succès des négociations de restructuration de la dette.
On craint notamment que les nouveaux propriétaires cherchent à vendre des super et hypermarchés supplémentaires à ceux déjà vendus à leur rival Intermarché, qui a conclu un accord plus tôt cette année pour devenir propriétaire de plus de 100 magasins.
« Manque de considération » pour les salariés
Les syndicats évoquent un « manque de considération » pour les salariés dans le plan de restructuration, affirmant que peu d'attention a été accordée à la sécurité des travailleurs.
Environ 200 000 personnes travaillent pour le groupe dans le monde, dont 50 000 en France, réparties dans les supermarchés Franprix, Monoprix et Casino. Beaucoup d'autres travaillent dans les chaînes d'approvisionnement mondiales des supermarchés ou dans des magasins situés au Brésil.
Les syndicats ajoutent qu'il existe une « situation préoccupante quant à l'avenir de l'intégrité de Casino », liée au changement d'actionnaires.
Un consortium comprenant le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, le français Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor devrait prendre le contrôle effectif de l'entreprise d'ici fin mars 2024.
Les intentions précises des futurs nouveaux actionnaires directeurs n'ont pas été claires, mais les salariés s'inquiètent du risque de pertes d'emploi qui pourraient toucher presque tout le monde.
En effet, certains pensent qu'une « braderie » des espaces commerciaux du groupe – y compris les supermarchés, hypermarchés et supérettes des centres-villes – pourrait être initiée, les ventes ne se limitant pas aux autres chaînes de supermarchés mais à n'importe quel groupe commercial.
Intermarché va racheter 119 magasins au groupe au cours des trois prochaines années, mais il s'agira uniquement de magasins à enseigne « Casino », et non de magasins Monoprix ou Franprix qui sont généralement situés en zone urbaine.
Les syndicats ont critiqué cet arrangement, le qualifiant de « carnage », qui sacrifiait les droits des travailleurs et laissait « des milliers de travailleurs dans le désarroi ».
Lire la suite : Union publie la liste des magasins Casino en France vendus à Intermarché
De grandes manifestations prévues
L'intersyndicale a annoncé mardi deux grandes manifestations pour protester contre le groupe.
La première aura lieu au siège du groupe Casino à Saint-Etienne, tandis qu'une autre se tiendra à l'extérieur du siège de Monoprix, situé à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).
On ne sait pas exactement comment la grève affectera les clients des magasins locaux tout au long du mois de décembre.
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