Piqué au vif par les critiques persistantes des alliés à l’égard de ses dépenses de défense, le gouvernement fédéral devrait dévoiler jeudi un échéancier pour atteindre le seuil d’investissement militaire de l’OTAN, soit 2 % du produit intérieur brut des membres de l’alliance, a déclaré un haut responsable canadien.
Le responsable, qui s’est entretenu avec des journalistes canadiens mercredi, n’a rien dit de précis et s’est contenté de dire que le calendrier serait présenté à la fin du sommet des dirigeants de l’OTAN en cours à Washington.
Le gouvernement libéral subit une pression croissante — à l’échelle internationale et, plus récemment, au pays — pour proposer à ses alliés un plan visant à accélérer ses dépenses de défense.
S’exprimant devant un forum de l’OTAN mercredi soir, le ministre de la Défense Bill Blair n’a pas voulu dire que le Canada présenterait à l’OTAN un plan complet.
« J’espère qu’au cours des prochains jours, nous serons en mesure d’articuler pour nos collègues (de l’OTAN) une voie crédible et vérifiable pour le Canada et les investissements que nous devons faire », a-t-il déclaré.
Dans les jours précédant le sommet, le Premier ministre Justin Trudeau a tenu une série de réunions de haut niveau avec le monde des affaires américain et les principaux législateurs des deux partis américains pour sonder l’ampleur de la frustration américaine.
Le haut responsable canadien a déclaré que l’incapacité du Canada à atteindre l’objectif de 2 % n’a pas été évoquée jusqu’à présent lors des réunions à huis clos de l’OTAN.
Mais le sujet revient régulièrement dans les cercles officiels de Washington.
« Le Canada a annoncé ces derniers jours qu’il ne paierait pas », a déclaré le président républicain de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson, spontanément, lors d’un forum de l’Hudson Institute cette semaine.
« Ils ne vont pas faire leur part. Pourquoi ? Ils ont la sécurité et la sûreté d’être à notre frontière et n’ont pas à s’en soucier. C’est honteux. Si vous voulez devenir un pays membre, vous devez faire votre part. »
Johnson n’a pas rencontré Trudeau cette semaine.
Le chef de la minorité républicaine au Sénat américain, Mitch McConnell, a écouté le Premier ministre et a déclaré qu’il n’était pas convaincu.
Dans un message publié sur X mardi soir, McConnell a déclaré que même si les valeurs communes et les liens économiques étroits ont été la base de la relation entre les États-Unis et le Canada, « il est temps pour notre allié du Nord d’investir sérieusement dans la puissance dure nécessaire pour aider à préserver la prospérité et la sécurité dans l’ensemble de l’OTAN ».
Le Canada dispose actuellement d’un plan visant à porter ses dépenses militaires à 1,76 % du PIB.
Le gouvernement libéral a juré que les dépenses militaires prévues, qui n’ont pas encore été approuvées, permettraient au pays de franchir la barre des 2 %. Mais ces déclarations sont loin d’être à la hauteur du plan clair que l’OTAN attend.
Et les buts pourraient bouger.
Dans la déclaration officielle du sommet de l’OTAN, publiée mercredi soir, les 32 dirigeants de l’OTAN ont salué l’augmentation des dépenses de défense dans l’ensemble de l’Alliance, mais ont laissé entendre qu’un seuil plus élevé pourrait être en vue.
« Nous réaffirmons que, dans de nombreux cas, des dépenses supérieures à 2 % du PIB seront nécessaires pour remédier aux déficits existants et répondre aux exigences » dans un paysage international instable, indique la déclaration.
