Le chef du régime militaire nigérien a abrogé une loi criminalisant le trafic de migrants. Le pays est une plaque tournante pour ceux qui cherchent à atteindre l’Europe via la Libye et l’Algérie voisines.
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Le général Abdourahamane Tiani a signé samedi un arrêté abrogeant la loi de 2015 relative au trafic illégal de migrants, indique un communiqué du gouvernement.
Cette loi était en “contradiction flagrante” avec les règles locales et “ne prenait pas en compte les intérêts du Niger et de ses citoyens”, a déclaré Tiani.
L’ordonnance précise également que les condamnations prononcées en vertu de la loi de 2015 doivent être effacées.
Depuis l’entrée en vigueur de la loi, la surveillance s’est renforcée dans le désert de la région nord d’Agadez, point de transit majeur pour des milliers de ressortissants ouest-africains cherchant à émigrer vers l’Europe via l’Algérie ou la Libye, avec le soutien financier de l’Union européenne.
Des dizaines de personnes travaillant dans les réseaux de migration clandestine ont ainsi été arrêtées et emprisonnées, et de nombreux véhicules utilisés pour transporter les migrants ont été confisqués.
Mais les migrants ont plutôt emprunté des itinéraires alternatifs, plus dangereux, à travers le désert, le long de nouvelles pistes sans points d’eau ni repères et sans aucune chance d’être secourus s’ils ont des ennuis.
De nombreux migrants d’Afrique de l’Ouest se rassemblent à Agadez, où sont basés des réseaux de passeurs.
Bienvenue nouvelle
Certains habitants de la région ont déjà accueilli favorablement la nouvelle, notamment les passeurs.
Andre Chani, qui gagnait des milliers de dollars par mois en conduisant des migrants à travers le désert avant que la police ne confisque ses camions en 2016, a déclaré à Reuters qu’il prévoyait de redémarrer son « entreprise » une fois qu’il aurait l’argent.
“”Nous sommes très heureux”, a-t-il déclaré par SMS depuis Agadez.
Parmi les médias, beaucoup ont réagi positivement, notamment le quotidien L’Événementqui a dénoncé la loi comme une forme « d’externalisation des frontières européennes ».
Le Conseil régional d’Agadez a également salué cette décision, la considérant comme une bonne mesure pour l’économie locale, liée aux déplacements dans et autour de la ville.
L’expert local Azizou Chehou, président du groupe Jeunesse nigérienne pour le développement durable, a déclaré à RFI que l’afflux de voyageurs autour d’Agadez apportait du travail aux jeunes Nigériens et rendait la zone “plus sûre”.
La Commission européenne s’est toutefois déclarée mardi “très préoccupée” par l’abrogation de cette loi.
Tensions diplomatiques
Le général Tiani dirige le Niger depuis le 26 juillet, à la suite du coup d’État qui a renversé le président. Mohamed Bazoumtoujours séquestré dans sa résidence de Niamey.
Le régime militaire a pris ses distances avec les proches partenaires européens du Niger, notamment la France. Au lieu de cela, il s’est rapproché de ses voisins les plus proches, le Mali et le Burkina Faso, qui sont également dirigés par des juntes militaires.
Les pays occidentaux et européens ont depuis suspendu leur aide au Niger en matière de santé, de sécurité et d’infrastructures.
Le Niger, en tant que l’un des pays les moins industrialisés au monde, dépend fortement du soutien étranger.
Les sanctions ont entraîné des difficultés économiques pour les Nigériens et ont enhardi la junte, qui a mis en place un gouvernement de transition qui pourrait rester au pouvoir pendant trois ans.
(avec fils de presse)
