Après des jours de messages confus et parfois contradictoires sur la position de l’Union européenne dans la spirale de la guerre entre Israël et le Hamas, les dirigeants européens ont du mal à se rassembler autour d’une déclaration claire et unie sur le conflit.
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Une vidéoconférence des dirigeants de l’UE présidée par le président du Conseil européen Charles Michel doit avoir lieu ce mardi à 15h30 TU dans le but de remplacer les premières mesures prises par la Commission européenne et sa présidente, Ursula von der Leyen.
Von der Leyen, qui s’est forgé une réputation de « visage » de l’Union européenne, s’est envolée pour Israël vendredi dernier pour dire au Premier ministre Benjamin Netanyahu que l’Europe soutenait le droit d’Israël à se défendre.
Cependant, son message a été délivré sans que les autres dirigeants occidentaux – et le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell – n’expriment la mise en garde selon laquelle l’action israélienne doit respecter le droit humanitaire international.
Plusieurs gouvernements de l’UE se sont hérissés du fait que von der Leyen ait pris sur elle de se mêler des questions de politique étrangère, qui sont décidées par les pays membres, sans consultation préalable et sans s’écarter de leurs positions nationales.
Selon un responsable de l’UE, “les affaires étrangères sont l’affaire des États membres, c’est l’affaire du Conseil (européen)”.
L’ampleur de la terreur et de la brutalité contre #Israël et son peuple est un tournant.
Il ne peut y avoir de statu quo.
En tant que plus grand donateur des Palestiniens, la Commission européenne réexamine l’ensemble de son portefeuille de développement, d’une valeur totale de 691 millions d’euros.
⤵️– Olivier Varhelyi (@OliverVarhelyi) 9 octobre 2023
La commission a également pris la même position avec l’un des siens la semaine dernière, notamment Oliver Varhelyi, le commissaire chargé des relations avec les pays voisins de l’UE.
Varhelyi avait pris sur lui d’annoncer que tous les versements d’aide au développement de l’UE aux Palestiniens avaient été gelés en raison de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.
La commission a finalement corrigé l’annonce en disant qu’elle verra si les paiements pour les projets de développement dans les territoires palestiniens « doivent être ajustés », mais que l’aide humanitaire n’a pas été affectée.
“Source d’agacement”
Après avoir été critiquée pour ses déclarations en Israël, von der Leyen a annoncé que la Commission européenne triplerait son aide humanitaire aux Palestiniens pour la porter à 75 millions d’euros, à son retour à Bruxelles.
L’impression laissée par des incursions individuelles et des revirements non coordonnés est que la position de l’UE sur le conflit est chaotique et indigne d’un bloc qui veut projeter une image d’influence géopolitique.
“C’est une source d’agacement pour les Etats membres”, a déclaré à l’AFP un diplomate européen.
Le diplomate a ajouté qu’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE la semaine dernière aurait dû donner le ton à la position publique de Bruxelles, en particulier l’accent mis sur la référence au droit international humanitaire, qui reflète également la position de l’ONU.
“Mais cela a été rendu flou essentiellement par les actions du président de la commission”, a déclaré le diplomate.
“Je ne comprends pas ce que la présidente de la Commission a à voir avec la politique étrangère de l’UE, dont elle n’est pas en charge”, a déclaré l’eurodéputée française Nathalie Loiseau.
Rien ne justifie l’acte terroriste odieux du Hamas.
Israël a le droit de se défendre.
Dans le même temps, les civils de Gaza sont également des victimes du Hamas.
C’est pourquoi nous triplons notre aide humanitaire aux Palestiniens dans le besoin. pic.twitter.com/x0zlUOKdb8
– Ursula von der Leyen (@vonderleyen) 15 octobre 2023
Lundi, le porte-parole de la Commission européenne, Eric Mamer, a cherché à établir un parallèle entre le voyage de von der Leyen en Ukraine, attaquée par la Russie, et son voyage critiqué en Israël, au cours duquel elle a inspecté le site d’un massacre du Hamas.
“Je ne me souviens pas que quelqu’un ait critiqué la présidente pour s’être rendue en Ukraine après le déclenchement de la guerre (…) lorsqu’elle s’est rendue à Bucha et qu’elle a vu les sacs mortuaires”, a-t-il déclaré.
“La présidente peut voyager où elle veut.”
Prochain sommet de l’UE
La vidéoconférence de ce mardi a été précédée d’une déclaration des dirigeants de l’UE dimanche condamnant fermement les “attaques terroristes” du Hamas tout en mentionnant également “l’importance (d’assurer) la protection de tous les civils à tout moment”.
Tant la déclaration que la réunion constituent une tentative « de remettre les choses sur les rails afin que l’UE parle de la situation, et non que l’UE parle de la situation », a déclaré le diplomate.
La vidéoconférence – qui a lieu une semaine avant la rencontre en personne des dirigeants lors d’un sommet régulier à Bruxelles – vise à discuter de divers aspects et implications du conflit, notamment des efforts diplomatiques visant à empêcher qu’il ne dégénère en une conflagration régionale.
Cette question a révélé publiquement les divergences entre les pays européens à propos du conflit, et les effets des migrants et des réfugiés affluant des zones de conflit vers les pays voisins et vers l’Europe sont à l’ordre du jour.
Le Hamas, un groupe militant palestinien soutenu par l’Iran, a envoyé des combattants à travers la frontière fortement militarisée de la bande de Gaza, tuant plus de 1 400 personnes dans les villes israéliennes voisines, dans les kibboutzim et lors d’une rave party, pour la plupart des civils.
Ils ont également pris près de 200 otages, selon Israël.
Israël a répondu en déclarant la guerre au Hamas et a bombardé sans relâche Gaza, tuant environ 2 750 personnes.
Les forces israéliennes sont massées le long de la frontière avec Gaza pour ce qui semble être une invasion terrestre imminente.
