L’armée américaine a déplacé environ 130 soldats ainsi que des lance-roquettes mobiles vers une île désolée de la chaîne des Aléoutiennes, dans l’ouest de l’Alaska, dans un contexte d’augmentation récente du nombre d’avions et de navires militaires russes s’approchant du territoire américain.
Huit avions militaires et quatre navires de guerre russes, dont deux sous-marins, se sont approchés de l’Alaska la semaine dernière, alors que la Russie et la Chine menaient des exercices militaires conjoints. Aucun de ces avions n’a violé l’espace aérien américain et un porte-parole du Pentagone a déclaré mardi qu’il n’y avait aucune raison de s’alarmer.
« Ce n’est pas la première fois que nous voyons des Russes et des Chinois voler dans les environs, et c’est quelque chose que nous surveillons évidemment de près, et c’est aussi quelque chose auquel nous sommes prêts à réagir », a déclaré le porte-parole du Pentagone, le major-général Pat Ryder, lors d’une conférence de presse.
Dans le cadre d’une « opération de projection de force », le 12 septembre, les États-Unis ont envoyé des soldats sur l’île de Shemya, à environ 1 900 kilomètres au sud-ouest d’Anchorage, où l’armée de l’air américaine maintient une base aérienne datant de la Seconde Guerre mondiale.
Les soldats ont emporté avec eux deux systèmes de roquettes d’artillerie à haute mobilité, ou HIMARS.
Le sénateur de l’Alaska, Dan Sullivan, a déclaré que l’armée américaine avait également déployé un destroyer lance-missiles et un navire des garde-côtes dans la région occidentale de l’Alaska alors que la Russie et la Chine ont commencé les exercices militaires « Ocean-24 » dans les océans Pacifique et Arctique le 10 septembre.
Le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) a déclaré avoir détecté et suivi des avions militaires russes opérant au large de l’Alaska pendant quatre jours. Deux avions ont été détectés les 11, 13, 14 et 15 septembre.
Les avions opéraient dans la zone d’identification de défense aérienne de l’Alaska, une zone située au-delà de l’espace aérien souverain des États-Unis, mais dans laquelle les États-Unis s’attendent à ce que les avions s’identifient, a déclaré le NORAD.
L’ambassade de Russie aux États-Unis n’a pas immédiatement répondu à un courriel demandant un commentaire.
Incursions en hausse
Le NORAD a déclaré que le nombre de ces incursions fluctuait chaque année. La moyenne était de six à sept interceptions par an. L’année dernière, 26 avions russes sont entrés dans la zone de l’Alaska, et jusqu’à présent cette année, il y en a eu 25.
Lors de telles rencontres, les militaires fournissent souvent des photos des avions de combat russes escortés par des avions américains ou canadiens, comme lors de l’interception de deux avions russes et de deux avions chinois le 24 juillet. Cependant, aucune photo n’a été publiée la semaine dernière et une porte-parole du NORAD, la major canadienne Jennie Derenzis, a refusé de dire si des avions de chasse avaient été dépêchés pour intercepter les avions russes.
Les garde-côtes américains ont déclaré dimanche que leur navire de sécurité intérieure, le Stratton de 127 mètres, effectuait une patrouille de routine dans la mer des Tchouktches lorsqu’il a suivi quatre navires de la marine de la Fédération de Russie à environ 96 kilomètres au nord-ouest de Point Hope, en Alaska.
Les navires russes, qui comprenaient deux sous-marins, une frégate et un remorqueur, avaient traversé la frontière maritime dans les eaux américaines pour éviter la glace de mer, ce qui est autorisé par les règles et coutumes internationales.
Il y a deux ans, un navire des garde-côtes américains, à environ 137 kilomètres au nord de l’île Kiska en Alaska, dans la mer de Béring, a croisé trois navires de guerre chinois et quatre navires de guerre russes naviguant en formation unique.
Ryder, le porte-parole du Pentagone, a déclaré que la récente augmentation est « quelque chose que nous continuerons de surveiller, mais qui ne représente pas une menace de notre point de vue ».
Sullivan a appelé à une présence militaire plus importante dans les îles Aléoutiennes tout en plaidant pour que les États-Unis répondent avec force au président russe Vladimir Poutine et au président chinois Xi Jinping.
« Au cours des deux dernières années, nous avons assisté à des exercices aériens et navals conjoints russo-chinois au large de nos côtes et à un ballon espion chinois flottant au-dessus de nos communautés », a déclaré mardi Sullivan dans un communiqué. « Ces incidents de plus en plus nombreux démontrent le rôle crucial que joue l’Arctique dans la compétition entre les grandes puissances que sont les États-Unis, la Russie et la Chine. »
Selon Sullivan, la marine américaine devrait rouvrir sa base d’Adak, située dans les îles Aléoutiennes. La base aéronavale d’Adak a été fermée en 1997.
