Home France Les opposants à la réforme de l'immigration en France protestent contre la loi qui « défigure la République »

Les opposants à la réforme de l'immigration en France protestent contre la loi qui « défigure la République »

by News Team
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La nouvelle réforme de l'immigration du gouvernement vise à réprimer l'immigration clandestine, mais les critiques estiment qu'elle va à l'encontre des principes égalitaires de la France. En prévision d'une décision de justice sur la question de savoir si la loi respecte la constitution, les opposants descendent dans la rue pour réclamer son retrait.

Des manifestations contre une loi “inspirée des idées de l'extrême droite” ont eu lieu dimanche dernier dans une trentaine de villes de France, organisées par des collectifs de sans-papiers, des syndicats et des partis de gauche.

A Paris, plusieurs milliers de personnes ont manifesté contre les réformes qui durciront considérablement les conditions d'arrivée et de séjour des immigrés non européens en France.

De nombreuses personnes brandissaient des pancartes dénonçant la « loi Darmanin », du nom du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qui en a été l'instigateur.

Des manifestants défilent derrière une banderole “Solidarité, unité, contre la loi Darmanin” sur la place de la République à Paris. AFP – BERTRAND GUAY

Parmi les dispositions les plus controversées, l'accès au regroupement familial et aux prestations sociales sera beaucoup plus difficile pour les immigrants non européens, des quotas d'immigration seront introduits et la citoyenneté de droit de naissance ne sera plus automatique à l'âge de 18 ans.

Il introduit également la notion de préférence nationale, défendue par le Rassemblement national d'extrême droite, selon laquelle les allocations et le logement devraient revenir en priorité aux Français.

« La loi Darmanin va dégrader tous nos droits et nous mettre dans une situation encore plus précaire », déclare Aboubacar Dembélé, membre d'un groupe représentant les travailleurs migrants sans papiers, connu en France sous le nom de sans-papiers.

Et comme vivre illégalement en France deviendra un délit passible d'un an de prison et de 3 750 euros d'amende, la loi “nous criminalise tous”, dit-il. “Nous exigeons son retrait”.

Écoutez un reportage sur la marche dans le podcast Pleins feux sur la France

Pleins feux sur la France, épisode 106
Pleins feux sur la France, épisode 106 © RFI

Une tache sur la république

Le parti d’extrême gauche La France Insoumise (LFI) souhaite également le retrait de la réforme.

Manifestant en solidarité avec les travailleurs migrants, le député LFI Carlos Bilongo a qualifié la loi d’« abjecte ».

« Il cible les immigrés non européens, il y a donc une nette dimension raciale concernant les personnes d'ascendance africaine », dit-il.

Eric Coquerel (à gauche) défile aux côtés de son collègue député LFI Carlos Bilongo.  Ils croient le "abject" la loi piétine les principes de la république française.
Eric Coquerel (à gauche) défile aux côtés de son collègue député LFI Carlos Bilongo. Ils estiment que cette loi « abjecte » piétine les principes de la République française. © RFI/Hird

Le député Eric Coquerel estime que la réforme va à l'encontre des valeurs égalitaires de la France.

« Nous ne pouvons pas imaginer qu’une loi qui défigure la république – qui peut vous priver de votre nationalité, qui introduit la préférence nationale et porte atteinte au droit de naissance – puisse être votée de cette façon », insiste-t-il.

“C'est donc une bonne chose de voir des milliers de personnes ici aujourd'hui pour s'y opposer.”

Un véhicule avec un canot pneumatique sur son toit a mené la marche – un rappel effrayant des cinq migrants morts le 13 janvier dans les eaux glaciales de la Manche en tentant de rejoindre le Royaume-Uni depuis la France.

Un véhicule transportant un canot pneumatique met en lumière les décès de migrants en mer.
Un véhicule transportant un canot pneumatique met en lumière les décès de migrants en mer. © Hird/RFI

“C'est pour montrer comment certaines personnes sont arrivées ici et que les gens qui traversent la mer ne sont pas des délinquants”, explique Mariama Sidibé, porte-parole de la Commission de Paris. sans-papiers collectif.

“Nous demandons simplement que la loi Darmanin soit supprimée”, a déclaré cette aide-soignante à la retraite. “Cela va même contre les migrants qui ont la nationalité française parce que quand vous faites quelque chose de mal, ils vous la retirent et vous renvoient chez vous. Cela signifie repartir de zéro.

Mariama Sidibé interagit avec des manifestants lors du rassemblement contre la loi sur l'immigration.
Mariama Sidibé interagit avec des manifestants lors du rassemblement contre la loi sur l'immigration. © RFI/Hird

Sentiment anti-migrants

« Nous ne voulons pas de ce genre de société, de cette société raciste », déclare la militante des droits des migrants Anais Gournay.

« Nous voulons vivre ensemble et accepter des cultures différentes. »

Gournay, qui travaille pour une association caritative venant en aide aux sans-abri, veut également contrer la rhétorique anti-migrants croissante en France, alimentée plus récemment lorsqu'un jeune homme radicalisé d'origine russe a mortellement poignardé un professeur de français. Les autorités françaises ont tenté, sans succès, de l'expulser.

«Le message véhiculé par les médias est toujours le même : les migrants prennent du travail, ils sont dangereux et les médias font un lien entre immigration et terrorisme.

“Nous n'avons pas la force de lutter contre ce message mais nous essayons d'être ensemble dans la rue pour changer (l'équilibre) des pouvoirs.”

La militante des droits des migrants Anais Gournay tient un dépliant dénonçant l'exploitation des migrants pendant les Jeux olympiques.
La militante des droits des migrants Anais Gournay tient un dépliant dénonçant l'exploitation des migrants pendant les Jeux olympiques. © Hird/RFI

Prendre la « mauvaise direction »

La version initiale de la réforme de l’immigration aurait accordé la résidence permanente aux migrants travaillant dans des secteurs en pénurie de main-d’œuvre – comme la construction, la restauration et le nettoyage.

Mais cette mesure a été abandonnée sous la pression du parti conservateur Les Républicains (LR) et les titres de séjour seront désormais délivrés au cas par cas, pour une durée d'un an seulement, et ne pourront être transférés d'un emploi à un autre.

La loi « va dans le mauvais sens », estime Aurélien Boudon du syndicat Solidaires.

“Les quelques progrès que nous avions réalisés ont été réduits à néant, et au lieu des milliers de personnes qui nous avaient promis des titres de séjour, nous craignons qu'il n'y en ait que quelques dizaines, et tout cela à la discrétion de la préfecture.”

Les membres d’un collectif parisien des sans-papiers demandent que tous les immigrés travaillant mais sans papiers obtiennent un titre de séjour.
Les membres d’un collectif parisien des sans-papiers demandent que tous les immigrés travaillant mais sans papiers obtiennent un titre de séjour. © Hird/RFI

C'est un coup dur pour Oumar Diawara, qui travaille dans les cuisines d'un restaurant réputé des Champs-Elysées.

« Mon grand-père était un général qui s'est battu pour défendre la liberté, l'égalité et la fraternité aux côtés de De Gaulle pendant la Seconde Guerre mondiale », dit-il fièrement. « Mais je n'ai toujours pas obtenu le droit de rester en France.

« Je suis ici aujourd'hui pour dire non à la loi Darmanin. Demain, je serai de retour à la cuisine.

La France « peu accueillante »

“C'est une des premières fois qu'un gouvernement vote une loi avec l'extrême droite, donc c'est une bonne raison d'être aujourd'hui dans la rue pour s'y opposer”, estime Thibault, un fonctionnaire de 25 ans qui a préféré ne pas donner de voix. son nom complet.

Le président Macron a défendu les mesures sévères en matière d'immigration comme un « bouclier nécessaire » pour endiguer la montée du Rassemblement national anti-immigration de Marine Le Pen.

Mais Thibault estime que cela “donne l'image d'un pays qui n'accueille pas les étrangers, se referme sur lui-même et considère les étrangers comme une menace”, à l'instar d'autres pays de l'UE comme l'Italie et la Pologne.

Pourtant, « ces gens sont là, et on a besoin d'eux, donc ce n'est pas un problème », affirme Aubépine Dahan, fondatrice de Paris Exil, une association qui aide les migrants à s'installer en France.

“Une fois que vous êtes ici, vous devez avoir les mêmes droits que tout le monde, sinon vous ne pourrez pas vous intégrer”, affirme-t-elle.

Aubepine Dahan (R), fondateur de Paris-Exil, tient une pancarte dénonçant la France comme "champion du monde du racisme". "Il ne faut bien sûr pas le prendre au pied de la lettre, mais nous voulions attirer l'attention sur le fait que la France n'est pas douée pour accorder l'égalité des droits.  Donc, pour les princes saoudiens ou les dirigeants africains corrompus, nous sommes vraiment formidables, mais pour les demandeurs d'asile et les sans-papiers, nous ne le sommes pas."
Aubépine Dahan (à droite), fondateur de Paris-Exil, tient une pancarte dénonçant la France comme “champion du monde du racisme”. “Cela ne doit pas être pris au pied de la lettre bien sûr, mais nous voulions attirer l'attention sur le fait que la France n'est pas douée pour accorder l'égalité des droits. Donc, pour les princes saoudiens ou les dirigeants africains corrompus, nous sommes vraiment formidables, mais pour les demandeurs d'asile et les sans-papiers, nous sommes formidables. pas.” © Hird/RFI

La France va ouvrir 11 nouveaux “centres d'accueil administratifs” d'ici 2027 pour accueillir les immigrés en attente d'expulsion.

Dahan insiste sur le fait que l’introduction d’une législation permettant l’expulsion rapide des immigrants illégaux n’est pas seulement indésirable, mais que cela ne fonctionnera tout simplement pas.

“On sait que les gens ne rentrent pas chez eux, alors comment le gouvernement compte-t-il renvoyer des dizaines de milliers de personnes chaque année ?”, s'interroge-t-elle.

“Ils n'en ont aucune idée. C'est comme fermer les frontières, c'est impossible.”

Maintenir la pression

Même au sein du groupe parlementaire du président Macron, la réforme de l'immigration s'est révélée source de division : quelque 25 députés ont voté contre et le ministre de la Santé a démissionné en signe de protestation.

Macron a reconnu que certaines parties de la loi pourraient être inconstitutionnelles et l'a renvoyée au Conseil constitutionnel pour examen.

Abordé mardi dernier lors d'une conférence de presse sur l'inéquité de la réforme, Macron a déclaré : “Nous attendrons (la décision du conseil) et discuterons ensuite.”

Le tribunal rendra son verdict le 25 janvier. En attendant, le député de gauche Coquerel estime qu'il est important de maintenir la pression.

Il cite le précédent du CPE (Contrat de Premier Emploi) de 2006 qui permettait aux employeurs de licencier sans justification les salariés de moins de 26 ans.

Le CPE a été voté, mais « la mobilisation contre lui a été telle que la loi a été abandonnée ».

Quoi qu’il arrive, Coquerel, comme les autres manifestants, insiste sur le fait que le combat continuera.

“Je ne suis pas prêt à livrer mon pays à l'extrême droite.”


Marie Casadabeig de RFI a contribué à ce reportage.

Écoutez plus d’épisodes du podcast Spotlight on France ici.

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