Le président français Emmanuel Macron a été contraint de défendre sa décision d'autoriser un rituel juif à l'Elysée après que des critiques l'ont accusé de ne pas respecter les traditions laïques de la France.
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Macron a reçu un prix pour sa position contre l'antisémitisme lors d'une cérémonie à l'Elysée à Paris jeudi soir.
Le grand rabbin de France Haïm Korsia a allumé la première bougie d'une menorah – une cérémonie qui ouvre la semaine de la fête juive de Hanoukka – sous les yeux de Macron.
La religion et l'État sont séparés par la loi en France, et les partis d'opposition n'ont pas tardé à critiquer le président après qu'une vidéo de l'événement soit devenue virale sur les réseaux sociaux.
Le poids lourd d'extrême gauche Manuel Bompard a déclaré sur X, anciennement Twitter, que Macron avait commis “une erreur politique impardonnable”.
La députée des Verts Sandrine Rousseau, également sur X, a déclaré qu'”il aurait été possible de soutenir la communauté juive de France sans autoriser une cérémonie religieuse à l'Elysée”.
La députée socialiste Carole Delga a déclaré qu'il ne pouvait y avoir de compromis avec la laïcité.
“L'Élysée n'est pas un lieu de culte”, a-t-elle déclaré.
Guillaume Lacroix, président du parti de la gauche radicale, est du même avis.
“L'Elysée n'est ni une église, ni une mosquée, ni un temple, ni une synagogue”, a-t-il déclaré.
Une erreur'
Mais la réaction la plus marquante est venue de l’un des plus éminents représentants juifs de France.
Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), a déclaré que c'était “une erreur” de donner le coup d'envoi de Hanoukka au palais présidentiel.
“C'est dans l'ADN de la république de se tenir à l'écart de tout ce qui est religieux”, a-t-il déclaré à la radio Sud Radio, ajoutant qu'il avait été “surpris” par cet incident.
“Les juifs de France ont toujours considéré la laïcité comme une loi de protection et une loi de liberté”, a-t-il déclaré. “Tout ce qui affaiblit la laïcité affaiblit les juifs de France.”
Interrogé sur ces critiques lors d'une visite à la cathédrale Notre-Dame vendredi, Macron a déclaré qu'il n'avait “aucun regret” et qu'il avait permis la célébration “dans l'esprit de la République et de l'harmonie”.
Il n'avait lui-même participé à aucun rituel ou cérémonie religieuse qui, a-t-il reconnu, aurait été « irrespectueux de la laïcité ».
Mais “ce n'est pas ce qui s'est passé”, a-t-il déclaré.
Signal de soutien
La Première ministre Elisabeth Borne a pris la défense de Macron, affirmant que le président avait voulu envoyer “un signal de soutien” à la communauté juive à un moment de “montée de l'antisémitisme”.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a ajouté que le président “respecte toutes les religions”.
La France a signalé plus de 1 500 actes et propos antisémites depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Les forces de l'ordre ont également constaté “une augmentation” des actes anti-musulmans en France, Darmanin. Mi-novembre, le ministère de l'Intérieur recensait “plus de 140 actes depuis le début de l'année”, même si les associations jugent ce chiffre bien trop faible.
Macron a déjà suscité la controverse sur les questions religieuses. En septembre, il a assisté à une messe catholique célébrée par le pape François à Marseille, dans le sud de la France, à un moment où le gouvernement faisait également pression pour interdire dans les écoles le vêtement abaya porté par certaines femmes musulmanes.
Le mois dernier, Macron a refusé de participer à une grande marche contre l'antisémitisme, affirmant que l'événement était “exploité” par certains politiciens à leurs propres fins. Son absence a été très critiquée dans l’ensemble du spectre politique et par les représentants juifs.
(avec l'AFP)
