Le Premier ministre indien Narendra Modi inaugurera lundi un temple hindou construit sur le site d'une ancienne mosquée historique dans le nord du pays. Cet événement à gros budget vise à unir les électeurs hindous avant les élections de cette année, mais l'enthousiasme a été freiné par les boycotts de l'opposition et les tensions persistantes avec la population musulmane de l'Inde.
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Des factions de droite ont été vues distribuer des invitations à la consécration, le 22 janvier, du temple Ram de 50 mètres de haut à Ayodhya, une ville de l'État de l'Uttar Pradesh, où l'on parle hindi.
En décembre 1992, des hindous radicaux ont démoli une mosquée qui se trouvait sur le site depuis 400 ans, un acte qui a provoqué de violentes émeutes qui ont tué 2 000 personnes à travers l'Inde, pour la plupart musulmanes.
Plus de 30 ans plus tard, Modi inaugurera un nouveau temple hindou sur le site historique. Ce projet de 298 millions d'euros a permis au Bharatiya Janata Party (BJP) de Modi de rester au pouvoir pendant deux mandats depuis 2014.
Le BJP espère que l'ouverture du temple, surnommé la Mecque de l'hindouisme ou le Vatican, aidera Modi à obtenir un quatrième mandat lors des élections de cet été.
Boycotts, critiques
Certains musulmans ont déclaré qu’ils considéraient ces célébrations comme la fin de décennies de tensions. Mais l'inauguration n'est pas exempte de critiques : deux des quatre pontifes de l'hindouisme ont déclaré qu'ils boycotteraient la cérémonie.
Le principal parti d'opposition du Congrès ainsi qu'un groupement régional ont également décidé de boycotter l'événement, auquel assisteront à la fois de fervents fidèles et d'autres visiteurs.
“Je n'ai pas besoin d'un intermédiaire entre moi et mon Dieu”, a déclaré le porte-parole du Congrès Pawan Khera, citant des images publiques de Modi plus grand que nature promenant un bébé Ram en lui tenant le doigt.
Modi a condamné les boycotteurs en lançant 11 jours de jeûne en guise de compte à rebours avant l'inauguration.
Des craintes persistantes
Les musulmans affirment que même si les attaques religieuses sont désormais rares, la discrimination de la part des propriétaires, des écoles, des soins de santé et des secteurs de l'emploi perdure depuis que le BJP est arrivé au pouvoir à Delhi et s'est frayé un chemin dans plus de 20 des 28 États du pays.
Le groupe de défense des droits de l'homme V-Dem a qualifié l'Inde d'« autocratie électorale », alors que le BJP est accusé de rejeter les musulmans qui représentent 14 pour cent de la population du pays mais seulement 5 pour cent des sièges au Parlement.
Freedom House, basée à Washington, a averti que les musulmans faisaient face à des menaces politiques de la part du BJP, notamment un projet de registre national des citoyens qui pourrait priver les musulmans sans papiers de leurs droits en les classant comme illégaux.
L'opinion publique à l'égard du temple varie à mesure que les préoccupations politiques et religieuses se juxtaposent à l'attente de son inauguration.
“Nous, musulmans, acceptons Shri Ram comme notre chef spirituel de l'Inde et nous réjouissons du bonheur de nos frères hindous”, a déclaré Iqbal Ansari, qui s'est battu pour les droits des musulmans devant le tribunal lors de la dispute entre mosquée et temple.
Amish Tripathy, l'auteur le plus vendu dans l'histoire de l'édition indienne, a reconnu que les célébrations étaient sans précédent, mais a ajouté : “Si quelqu'un essaie d'imposer une manière particulière d'adorer le Seigneur Ram, alors cela va à l'encontre de l'esprit.”
