La pose de dizaines d’étoiles de David bleues sur des immeubles de Paris et de sa banlieue, largement condamnée comme antisémite, pourrait avoir été ordonnée par un individu résidant à l’étranger, a indiqué le procureur de Paris.
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Les deux couples qui auraient apposé des étoiles de David au pochoir sur des immeubles de la capitale et de deux de ses banlieues la semaine dernière semblent être liés par un tiers résidant à l’étranger, a indiqué mardi le parquet de Paris dans un communiqué.
Le lien était basé sur une conversation téléphonique en russe avec l’un des couples, précise le communiqué.
“A ce stade, il n’est pas exclu que les marquages des étoiles de David bleues en région parisienne aient été réalisés à la demande explicite d’une personne résidant à l’étranger”, a précisé la procureure Laure Beccuau.
Un juge d’instruction va désormais se saisir du dossier, “autant pour identifier les auteurs que pour analyser les intentions qui ont guidé l’opération”.
Conversations en russe
Une soixantaine d’étoiles de David bleues, semblables à celles que l’on retrouve sur le drapeau israélien, ont été retrouvées peintes sur les murs de Paris et de plusieurs banlieues le matin du 31 octobre. La vidéosurveillance a montré un homme et une femme marquant les murs, surveillés par une troisième personne qui prenait des photos, précise le communiqué. Le couple a fui la France le lendemain.
Quatre jours plus tôt, le 27 octobre, un couple originaire de Moldavie, qui ne disposait pas des documents nécessaires pour rester en France, avait été arrêté après avoir été aperçu en train de dessiner une étoile au pochoir sur un immeuble parisien.
“Ils ont déclaré qu’ils agissaient sous les ordres d’un tiers et contre rémunération”, indique le communiqué du procureur, ajoutant qu’un enregistrement d’une conversation téléphonique en russe, langue parlée par de nombreux Moldaves, confirmait ces affirmations.
“L’enquête téléphonique permet de penser que les deux couples (…) étaient en relation avec la même tierce personne”, précise le communiqué.
Il n’a pas été précisé si la nationalité du tiers était connue.
Cependant, la radio Europe 1 a identifié l’homme qui a pris les photos comme étant “Anatoli P”, un Moldave actif dans les milieux pro-russes.
Entre-temps Le Monde Le quotidien a rapporté que des photos de l’étoile de David avaient été largement diffusées sur RRN (Reliable recent News) – un réseau « visant à déformer l’information et à diffuser de la propagande en faveur de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine », selon l’UE..
Marche contre l’antisémitisme
La France compte la plus grande population juive et musulmane d’Europe et les tensions à Paris en particulier se sont accrues à la suite de l’attaque du groupe militant palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre, qui a conduit à de lourds bombardements de la bande de Gaza par les forces israéliennes.
La France a connu récemment une recrudescence des actes antisémites, avec plus de 1 000 recensés depuis l’attentat du 7 octobre, a indiqué dimanche le ministre de l’Intérieur.
La première ministre française, Elisabeth Borne a qualifié le graffiti de l’étoile bleue de « méprisable », affirmant qu’il ne resterait pas impuni.
Dans la ville de Saint-Ouen, au nord de Paris, le graffiti à l’étoile bleue était accompagné d’inscriptions telles que « La Palestine va vaincre ».
Le parquet de Paris a estimé nécessaire d’enquêter sur “le caractère antisémite des intentions des auteurs, compte tenu notamment du contexte géopolitique et de ses répercussions en France”.
Les deux présidents du Parlement français, Gérard Larcher du Sénat et Yael Braun-Pivet de l’Assemblée nationale, ont appelé à un rassemblement de masse contre l’antisémitisme ce dimanche.
(avec fils de presse)
