Le groupe des laboratoires Servier, qui commercialisait le Mediator, un médicament utilisé comme coupe-faim et accusé de provoquer de graves lésions cardiovasculaires, a été condamné en appel à une amende de plus de 7 millions d'euros et condamné à rembourser plus de 415 millions d'euros aux organismes de sécurité sociale et aux compagnies d'assurance. .
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Servier a été reconnu coupable mercredi de toutes les infractions qui lui avaient été reprochées en début d'année – y compris la fraude – pour lesquelles il avait été acquitté lors des premières audiences du tribunal.
Lors du procès qui s'est déroulé de janvier à juin dernier, le ministère public a demandé que le deuxième laboratoire médical de France soit condamné à une amende de 13,5 millions d'euros et que ses bénéfices liés au Mediator – s'élevant à 182 millions d'euros selon ses calculs – soient « confisqués ». .
Commercialisé en 1976 comme médicament contributif aux traitements antidiabétiques, le Mediator était souvent prescrit à tort comme coupe-faim jusqu'à son interdiction en 2009.
Médicament phare des Laboratoires Servier, il a provoqué de graves lésions cardiovasculaires chez des milliers de patients et est jugé responsable de centaines de décès.
(Thread) On aura mercredi le verdict du procès en appel du Mediator. Alors pourquoi @signalarnaques en parle ?
Parce que c'est un dossier où la tromperie des laboratoires Servier est omniprésente. Avec des milliers de victimes à la fin. Rappel. 🧵 pic.twitter.com/izUgWdWqKp– Signal-Arnaques (@SignalArnaques) 18 décembre 2023
Conscient des « risques mortels »
En mars 2021, le tribunal correctionnel de Paris a infligé une amende de 2,7 millions d'euros aux six sociétés de Servier, estimant qu'elles disposaient de « preuves suffisantes dès 1995 (que Servier avait connaissance) des risques mortels » liés au Mediator.
La décision d'aujourd'hui portera cette amende à plus de 7 millions d'euros.
Le tribunal a reconnu le fabricant pharmaceutique coupable de tromperie aggravée et d'homicide involontaire, mais l'a acquitté du chef d'escroquerie, le délai de prescription étant expiré pour le délit d'obtention irrégulière d'une autorisation de mise sur le marché.
Le parquet accuse Servier de continuer à commercialiser Mediator sans informer les patients des risques encourus et des circonstances aggravantes pouvant nuire à leur santé.
Mais maintenant que le laboratoire médical a été reconnu coupable de tromperie, les compagnies d'assurance et les opérateurs de sécurité sociale seront indemnisés par le laboratoire à hauteur de 415 millions d'euros.
« Erreur d'évaluation »
Les procureurs ont demandé jusqu'à 200 000 € par victime pour le préjudice immatériel lié à la tromperie, jusqu'à 50 000 € pour l'anxiété (la peur de voir apparaître dans le futur des maladies liées au Médiateur) et 50 000 € supplémentaires pour le préjudice causé. par le « déni systématique » des représentants de Servier au procès.
De leur côté, les avocats du laboratoire Servier ont agi “de bonne foi” et “n'ont jamais voulu tromper personne”.
Certes, estiment-ils, Servier a commis “une erreur dans l'évaluation du risque” associé au Mediator, mais “il n'y a jamais eu de décision consciente d'exposer les patients à un risque”.
Pour Jean-Philippe Seta – ancien bras droit du tout-puissant fondateur du groupe Jacques Servier décédé en 2014 et seul accusé lors du procès en appel – le parquet a requis cinq ans d'emprisonnement, dont trois ans d'emprisonnement. 1 an de prison avec sursis et 200 000 € d'amende.
Lors de la première audience, Seta a été condamnée à quatre ans de prison avec sursis et à une amende de 90 600 €.
Au cours de l'audience, les représentants de Servier et Jean-Philippe Seta ont répété que la dangerosité du médicament n'avait été établie qu'en 2007 – voire 2009 – et que l'ANSM avait partagé son analyse.
L'ANSM a été condamnée à une amende de 303 000 € pour homicide involontaire et blessures involontaires, mais n'a pas fait appel.
Au total, 7 650 personnes ont déposé une plainte au civil lors du procès – la plupart dans l'affaire de « tromperie ».
5 000 autres dossiers d'homicides ou de blessures involontaires sont toujours en cours d'instruction par le parquet de Paris, ouvrant la voie à un deuxième procès Mediator d'ici quelques années.