C’est enfin le retour à la maison.
Le célèbre portrait de l’ancien premier ministre britannique Winston Churchill réalisé par Yousef Karsh — une photo connue sous le nom de Le lion rugissant — sera officiellement rendu aux autorités canadiennes, y compris aux représentants du gouvernement fédéral, du Service de police d’Ottawa et de l’hôtel Fairmont Château Laurier, lors d’une cérémonie jeudi à Rome.
Le portrait en noir et blanc, l’une des images les plus célèbres et historiques au monde, a été volé dans le hall de l’hôtel d’Ottawa pendant la pandémie de COVID-19, entre le 25 décembre 2021 et le 6 janvier 2022. Le voleur (ou les voleurs) l’a remplacé sur le mur par un faux rudimentaire, avec une fausse signature de Karsh.
Personne n’a remarqué le vol jusqu’en août 2022, lorsqu’un employé de l’hôtel a pensé que quelque chose n’allait pas et a regardé de plus près.
Après une longue enquête menée sur deux continents, la police d’Ottawa a annoncé plus tôt ce mois-ci que la photo originale avait finalement été retrouvée – en Italie.
Elle avait été achetée sans le savoir en mai 2022 à la maison de vente aux enchères londonienne Sotheby’s par un Italien vivant à Gênes, Nicola Cassinelli.
Ni Cassinelli ni Sotheby’s n’ont jamais été suspectés. Au moment de la transaction, personne ne savait que la photo avait été volée.
Un homme de 43 ans de Powassen, en Ontario, Jeffrey Wood, a été arrêté en avril et fait face à de multiples accusations, notamment de vol, de contrefaçon et de trafic de biens volés.
La police n’a pas précisé comment l’objet s’est retrouvé à la maison de vente aux enchères, ni comment il a été sorti de l’hôtel.
L’image est devenue un symbole de la résilience britannique
Dès le moment où le vol a été découvert, le vol d’œuvres d’art a captivé les Canadiens, les fans de Karsh et les passionnés de Churchill du monde entier. Il a fait la une des journaux du monde entier et a donné lieu à de nombreux documentaires.
La photo elle-même a été prise par Karsh dans le bureau du président de la Chambre des communes sur la colline du Parlement à Ottawa en 1941, peu après que Churchill ait prononcé un discours de guerre devant des députés canadiens. Comme Karsh l’a raconté plus tard, il avait retiré le cigare de Churchill de sa bouche juste avant de prendre la photo, provoquant une grimace du premier ministre britannique.
Ce faisant, Karsh a créé une image qui est devenue le symbole de la résilience britannique en temps de guerre.
L’expression stoïque et endurcie de Churchill a depuis été réimprimée d’innombrables fois dans le monde entier, y compris actuellement au dos du billet de cinq livres britannique.
À la fin des années 1990, Karsh, qui avait vécu au Château Laurier pendant des années, a offert à l’hôtel un portrait original du Lion rugissant pour qu’il soit exposé au public. Il était accroché dans un salon spacieux juste à côté du hall de l’hôtel, aux côtés d’un certain nombre d’autres portraits de Karsh, notamment d’Albert Einstein et du violoncelliste espagnol Pablo Casals.
Le portrait de Churchill est considéré comme son chef-d’œuvre.
La cérémonie de jeudi se déroulera à l’ambassade du Canada à Rome et comprendra des allocutions du sous-ministre du Patrimoine canadien, ainsi que de Geneviève Dumas, directrice du Château Laurier, et d’Akira Geller, le détective de la police d’Ottawa qui a résolu l’affaire.
La photo sera ensuite réexpédiée au Canada et devrait reprendre sa place sur les murs du Château au cours du mois d’octobre.
