« Nous pensons que les navires de croisière sont une absurdité écologique et un symbole d’inégalité sociale », ont déclaré les manifestants
Des militants écologistes ont empêché un bateau de croisière d’entrer dans le port du Finistère en Bretagne, samedi 6 juillet, en brandissant une banderole depuis leurs propres bateaux sur laquelle on pouvait lire : « Nous sommes l’iceberg !
Les groupes Stop Croisières BZH et Extinction Rebellion ont bloqué l’accès au port de la ville à partir de 07h00.
Ils prirent la mer à partir de la commune de Corcarneau, bloquant le passage à Concarneau-la Forêt-Fouesnant.
Leur objectif était de bloquer l’accostage du luxueux paquebot de croisière Seven Seas Voyager, arrivé le jour même en provenance de Lorient.
Le navire devait accoster au port et ses passagers devaient débarquer dans de petites embarcations pour explorer la ville.
« Aucun paquebot n’a fait escale à Concarneau aujourd’hui. Pour nous, c’est une réussite car nous luttons contre les bateaux de croisière de luxe », a déclaré un bénévole militant à journal régional Ouest France« Nous pensons qu’ils sont une absurdité écologique et un symbole d’inégalité sociale. »
« On ne s’attendait pas à ce qu’ils annulent toute leur escale », confie Sophie, une autre militante, heureuse du résultat.
Le Seven Seas Voyager mesure 206 mètres de long et transporte près de 700 passagers et plus de 400 membres d’équipage.
Le train est parti de Porto, au Portugal, le 29 juin et devrait terminer son voyage à Anvers dans une semaine, après avoir fait plusieurs escales le long de la route.
Pollution portuaire et biodiversité
« Partir en croisière pendant deux semaines équivaut à quatre tonnes de CO2 par passager, alors que l’accord de Paris stipule que les gens devraient être limités à deux tonnes par personne et par an », a déclaré un autre bénévole.
Les bateaux de croisière sont depuis longtemps controversés en France et en Europe, notamment dans les villes qui attirent généralement un grand nombre de bateaux, et donc de touristes.
En 2023, des touristes ont été empêchés de venir à terre lors de manifestations contre le tourisme de masse et les croisières au port de Douarnenez (Finistère).
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Et en 2022, le maire de Marseille Benoît Payan a réuni près de 50 000 signatures à Marseille (Bouches-du-Rhône) dans sa pétition demandant l’arrêt de la pollution de tous les navires du port, notamment des paquebots de croisière géants.
À l’époque, M. Payan avait qualifié les navires de « villes flottantes » qui « émettent autant de pollution qu’un million de voitures ». Il avait déclaré que « ce scandale… attaque nos poumons, notre santé ; il pollue la mer (et) détruit la biodiversité de ce port ».
🔴 On suffoque, et en mer Méditerranée et dans nos ports, d’énormes bateaux polluent notre air en toute impunité ! Vous voulez que ça s’arrête ? Moi aussi.
Marseillaises, Marseillais, mobilisons-nous !
Signez la pétition de @marseille : pic.twitter.com/fV3PwWouv4
— Benoît Payan (@BenoitPayan) 19 juillet 2022
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Une étude menée par l’ONG Transport & Environment a révélé que les navires de croisière émettaient plus de huit millions de tonnes de CO2 lors de voyages dans les eaux européennes en 2022. Cela représente l’équivalent des émissions de 50 000 vols Paris-New York.
Une étude de 2023 a révélé que Marseille et Le Havre figuraient parmi les « ports les plus pollués d’Europe », en grande partie à cause des navires de croisière.
D’autres villes d’Europe, dont Amsterdam aux Pays-Bas et Venise en Italie, ont déjà totalement interdit l’accostage de ce type de navires de croisière.
Pourtant, l’interdiction totale des navires a été critiquée par les commerçants et autres personnes de certains ports français, qui dépendent des passagers des navires de croisière pour leurs revenus.