Le Libéria se dirige vers un second tour des élections avec le président sortant George Weah, une ancienne star du football au pouvoir depuis 2018, au coude à coude avec son principal adversaire Joseph Boakai.
Publié le:
3 minutes
Weah a remporté 43,8 pour cent des voix au premier tour du 10 octobre, contre Boakai avec 43,4 pour cent, selon la Commission électorale nationale.
Aucun des 18 autres candidats à la présidentielle n’a obtenu plus de trois pour cent.
Le second tour doit avoir lieu dans les 15 jours suivant l’élection, mais les experts estiment qu’il pourrait y avoir des retards en raison d’éventuels appels.
Cette élection était la première entièrement organisée par le Libéria, sans le soutien financier des partenaires internationaux, depuis la fin des 14 années de guerre civile dans le pays en 2003.
Concours féroce
Le second tour s’annonce très serré entre les adversaires de longue date, qui se sont affrontés en 2017, selon les analystes politiques, avec l’inquiétude des risques de violences au second tour.
Le bloc ouest-africain de la CEDEAO a mis en garde contre toute déclaration prématurée de victoire et a déclaré qu’il réprimerait tout instigateur de violence.
Le président du Comité national de coordination des élections, Oscar Bloh, a déclaré que les forces de sécurité sont confrontées à de nombreux défis.
“Il y a d’abord le défi de la main d’œuvre… ils doivent surveiller tous les bureaux de vote, mais les moyens manquent et ils n’ont pas réussi à contrôler les foules dans les bureaux de vote”, a déclaré Bloh à RFI.
“Les électeurs ont hâte de voter. Parce que ces élections sont cruciales en raison des inégalités sociales importantes qui persistent au Libéria.”
Des chiffres opposés
Weah, 57 ans, a été élu pour la première fois il y a six ans après avoir battu Boakai au second tour. Il est populaire parmi de nombreux jeunes.
Certains sont cependant déçus de son premier mandat, lui reprochant de ne pas avoir tenu ses promesses.
Les conditions de vie ne se sont pas améliorées pour bon nombre des plus pauvres du pays et la corruption s’est accrue.
“Son accession au pouvoir a été une révolte contre l’establishment, et il a réussi dans l’éducation. Puis il y a eu ce choc extérieur, la pandémie de Covid-19”, a déclaré à RFI le politologue Abdullah Kiatamba.
“Plusieurs facteurs ont ensuite conduit à des révoltes massives contre son régime. Les Libériens ont eu le sentiment que George Weah les avait trahis.”
Boakai, 78 ans, a été vice-président de 2006 à 2018 et est une figure clé de la politique libérienne depuis près de quatre décennies.
Il a promis de redorer l’image du pays, de développer les infrastructures et d’améliorer la vie des plus défavorisés.
Il a forgé des alliances avec des personnalités locales, notamment l’ancien chef de guerre et sénateur Prince Johnson, qui a soutenu Weah lors des dernières élections et reste influent dans le comté clé de Nimba.
Boakai a largement dominé le comté cette année, ainsi que celui de Lofa, dont il est originaire.
Forte participation
Les Libériens se sont rendus massivement aux urnes au premier tour des élections, sans incident majeur.
Toutefois, au cours de la campagne, des affrontements entre partisans du parti au pouvoir et partisans de l’opposition ont fait plusieurs morts, notamment dans le comté de Lofa, faisant craindre des violences post-électorales.
Les observateurs internationaux, présents en nombre lors du scrutin, ont félicité la commission électorale pour le bon déroulement du premier tour.
Le vote dans ce pays de 5,5 millions d’habitants est considéré par beaucoup comme un test pour l’avenir du gouvernement représentatif en Afrique de l’Ouest, alors que la région a été en proie à des coups d’État, à des élections reportées, à des présidents qui s’accrochent à leurs fonctions et à des scrutins entachés d’irrégularités.
(avec fils de presse)