Une nanoémulsion d'huile de copaïba aurait un potentiel antiviral contre le Zika

Dans un article publié dans la revue PLOS UNdes chercheurs de l'Université d'État de São Paulo (UNESP) au Brésil décrivent une stratégie potentielle pour lutter contre le virus zika (ZIKV).

Parmi les résultats rapportés dans l'article figurent ceux de tests in vitro confirmant les effets antiviraux d'une nanoémulsion à base d'huile de copaiba (Copaifera officinalis), une plante utilisée pour traiter les affections cutanées par les peuples autochtones d'Amazonie.

Il y a environ huit ans, le ZIKV s'est avéré capable de provoquer chez les bébés un syndrome congénital comprenant des altérations visuelles, auditives et neuropsychomotrices. Chez l'adulte, elle peut également provoquer des troubles neurologiques comme le syndrome de Guillain-Barré.

Aucun vaccin ni traitement spécifique n'a jusqu'à présent été développé contre l'infection par le virus, transmis par Aedes aegypti, un moustique qui transmet également la dengue et le chikungunya.

Le Brésil a été l'un des pays les plus touchés, avec plus de 250 000 cas suspects rien qu'en 2016. Même si le pire de l’épidémie est passé, le ZIKV circule toujours au Brésil. Entre janvier et juillet 2023, le nombre de cas signalés a augmenté de 20 % sur un an, selon les statistiques du ministère de la Santé. L'augmentation a été la plus élevée (11,7 %) dans la région du Sud-Est, où se trouve São Paulo.

“Nous notons que l'étude indique des voies pour le développement de traitements contre une maladie tropicale négligée. Il convient également de souligner que le produit est une huile naturelle et qu'une petite quantité seulement est nécessaire, ce qui facilite le développement d'un futur produit pharmaceutique”, a déclaré Marilia de Freitas Calmon, dernière auteure de l'article et chercheuse à l'Institut des biosciences, lettres et sciences exactes de São José do Rio Preto (IBILCE-UNESP).

L'étude a débuté par des tests montrant que la nanoémulsion restait stable pendant 60 jours à 4°C et confirmait son absorption dans les cellules infectées par le ZIKV.

L'étape suivante impliquait un traitement avec la nanoémulsion avec de l'huile de copaïba à une concentration maximale non toxique de 180 microgrammes par millilitre (μg/mL), comparée à la nanoémulsion sans huile de copaïba, montrant respectivement 80 % d'inhibition de l'ARN viral contre 70 % et indiquant que la structure de la nanoémulsion et son association avec l'huile étaient efficaces.

Les chercheurs ont également mené un test dose-dépendant pour voir si une concentration plus élevée augmenterait l’inhibition virale, ce qui s’est avéré être le cas.

Prochaines étapes

Malgré les résultats prometteurs, les chercheurs restent prudents : la nanoémulsion sans huile de copaïba a également montré une activité antivirale, une partie de l'effet peut donc être associée à la composition de la lécithine d'œuf (principalement la phosphatidylcholine) utilisée dans la nanoémulsion comme tensioactif. D'autres études ont montré que les nanoémulsions lipidiques dérivées d'aliments naturels peuvent avoir un effet inhibiteur.

Il faut également en savoir davantage sur la manière exacte dont la réplication virale est inhibée. Selon Calmon, des études supplémentaires permettront par exemple de déterminer les étapes dans lesquelles cela se produit. “Ces informations nous permettront de déterminer si un futur médicament doit être utilisé uniquement en prétraitement ou pour combattre l'infection proprement dite”, a-t-elle déclaré.

Pour l'instant, la prévention reste le meilleur moyen de lutter contre la maladie, selon le ministère de la Santé, qui recommande de veiller à ce que l'eau ne reste pas stagnante dans les vieux pneus, les pots de fleurs, les gouttières et les réservoirs non couverts, ou sur les toits plats, comme l'eau est privilégiée par A. aegypti comme lieu de ponte.

Toute personne présentant des symptômes tels qu'une fièvre soudaine, des maux de tête, des douleurs derrière les yeux, des articulations et des muscles, des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales, des démangeaisons et une éruption cutanée rouge et bosselée doit consulter immédiatement un médecin.